La contribution des sciences de l'information – communication aux débats publics
30 mai-1 juin 2012 Rennes (France)

Appel à communication > Axe 5 : Epistémologie et conditions de la recherche en information - communication

La pratique scientifique des Sic, qu’elles se pensent sémiotiques, systémiques ou sociales, qu’elles inventent un mode propre, inter- ou transdisciplinaire, de compréhension de la production et de la circulation de sens, consiste le plus souvent à déconstruire l’objet de sens commun pour le construire en objet scientifique. Il s’agit de saisir la circulation et l’intention des discours, leur organisation, leur réception, les controverses dans lesquelles ceux-ci interviennent, d’interroger le langage, de percevoir la portée de l’image, de prendre la mesure de la médiatisation, d’apprécier la part et le sens de la technique de télécommunication, d’analyser la production de signes et la place du corps dans la communication. Confronter, comparer et discuter, tenter de voir si tel phénomène est réductible ou non à telle approche, et peut, même, se penser. Et avec quoi ?

Il convient ici de réfléchir sur nos méthodes et sur notre épistémologie, qui interrogent aussi la possibilité de notre contribution. Cela suppose aussi d’analyser notre héritage et d’interroger la recherche en information – communication dans son passé, en ce que cette histoire pourrait aussi nous éclairer sur notre présent. Quels sont les apports sociaux et politiques des études menées au début du xxe siècle sur les masses ? Quels liens ont existé entre la recherche sur la communication visuelle et la propagande ? Que peut-on dire aujourd’hui de la communication dans la (trans)formation d’une société ? Le développement des échanges internationaux, après la Seconde guerre mondiale, dans la perspective d’une meilleure interconnaissance des peuples était-il sans rapport avec une théorie de la communication ?

5.1. Doit-on, et comment, construire une épistémologie de la communication ? Si oui, comment se structure-t-elle, et sur quoi repose-t-elle ?

5.2. Sans doute convient-il donc dans ce cadre de revenir sur quelques « contributions », des legs, dont nous payons aussi les droits de succession. Tels ces schémas canoniques, tombés dans tous les domaines publics, qui servent la vulgate plus que la recherche. Sans prétention iconoclaste, sans faire du passé table rase, il est aussi des « contributions » dont il faut se défaire. Mais comment ? Comment envisager la réfutabilité de modèles dont nous mesurons la falsifiabilité, l’obsolescence et la nécessité d’un dépassement ? Des modèles qui, précisément quand ils servent, font encourir le risque de desservir le projet d’une élucidation scientifique. Un champ de recherche, confronté à son histoire, doit ici s’interroger sur ses apports.

5.3. La question de l’écriture, des modalités de la communication de la recherche seraient également à questionner, pour penser la nature, la forme et la réception possible ou réelle de cette « contribution » des Sic aux débats publics. Qu’est-ce qui se donne de notre « savoir » et de notre travail, comment se donne-t-il ? Dans quels mots, quelles images ? Quels schémas ? Quelles formes prennent ces connaissances, ces interrogations ? Contribuer, n’est-ce pas prendre (une) forme dans l’espace public, s’il existe ?

5.4. Peut-on, enfin, faire comme si cette production de recherche en information – communication n’était pas elle-même en pleine réforme, et débat ? Quand l’évaluation s’introduit fermement, et parfois non sans une certaine brutalité, suivant certains modèles, dans la recherche, quels modes de contribution restent possibles ? La rationalisation et l’orientation de la recherche par le mobile du projet n’oriente-t-elle pas fermement cette « contribution » sur un mode téléologique, voire proprement fonctionnaliste ?

Et si la contribution est de l’ordre de la liberté de recherche, qu’advient-il de la recherche fondamentale, mais aussi de la liberté de penser et de la création en recherche, dans les sciences de l’information et de la communication, quand appels à projets et axes des revues, ou écoles, voudraient la formater ? Formes et sens de la recherche, nature des discours et de la communication des savoirs sont donc, également, objets du débat public interne à la recherche qui déterminent, ou non, sa capacité à prendre place dans les débats publics.

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